Qu’est-ce que cela veut dire de se former à l’interculturalité ? Est-ce que cela implique de faire des recherches approfondies sur la culture à laquelle je vais être « confronté » ? S’agit-il vraiment d’une confrontation entre deux mondes différents ?
Ou bien, de prendre conscience et du recul sur sa propre culture et sur les autres orientations pour mieux accepter la différence ?
En décembre 2009, l’entreprise dans laquelle je travaillais m’annonçait ma prochaine expatriation au Brésil. Date de mon départ : février 2010 ! Si peu de temps et tellement de choses à préparer et à apprendre, incluant la langue. A l’époque, je ne parlais pas un mot de portugais !
Je me souviens que mon premier élan a été de réunir le maximum d’informations sur la culture, sur les codes et la façon d’être des brésiliens. Quelle était leur histoire ? Comment manager des collaborateurs brésiliens ? Comment mieux communiquer ? Quelles étaient leurs forces et faiblesses ?
Cela m’a certainement aidé : des informations, somme toute, … pratiques. La question que je me suis posée plus tard : est-ce que cela m’a limitée dans une vraie écoute de cette nouvelle culture que je découvrais ? La réponse est certainement : oui !
Aujourd’hui, je me rends compte que, dans mes premiers contacts avec une personne, j’avais déjà des partis pris sur son mode de fonctionnement. Ceci a inévitablement réduit la curiosité et l’écoute dans la découverte de l’autre qui est unique. Ce n’est que dans un deuxième moment, une fois l’anxiété de mon installation finie, que j’ai pu laisser les stéréotypes de côté pour vraiment m’ouvrir et m’intéresser à l’autre.
Par une nécessité de simplification, l’interculturalité travaille avec des généralisations : on identifie des traits culturels qui, généralement, peuvent caractériser une culture. Il s’agit d’une hypothèse de travail, rien de plus.
Car le risque de la généralisation est le stéréotype. C’est-à-dire, arriver à penser que ce trait particulier, identifié par la généralisation, s’applique à tous et chacun des individus appartenant à ce groupe culturel. Le stéréotype rassure, mais nous ferme tellement de portes !
Deuxième risque : est-ce que l’individu est seulement façonné par sa culture nationale ? Notre culture est le résultat, non seulement de notre nationalité, mais de notre parcours dans tout groupe social auquel nous appartenons.
Quelle est exactement ma culture ? Je ne saurais le dire : je suis latino-américaine d’ascendance basque, j’ai fait toute ma scolarité dans le système français, j’ai vécu et travaillé des années dans des pays différents. Du fait de mes études, j’ai une culture juridique, financière mais aussi humaniste. Quelle est donc ma culture ? Probablement, un peu de toutes les antérieures. Ma culture est unique car tel est mon parcours.
Mais alors, quelle est l’alternative ?
Se former à l’interculturel en tant que développement personnel. Travailler sur la prise de conscience que ces propres préférences culturelles sont le résultat, non pas de vérités absolues (comme on le constate dans l’ethnocentrisme), mais le résultat d’apprentissages aboutissant à la culture résultante de mon propre parcours (tel que l’admet l’ethno-relativisme).
Dépasser les stéréotypes, tout en se formant à l’interculturel, est d’avoir du recul sur sa propre culture et comprendre qu’il y a d’autres approches aussi valables et intéressantes à explorer car plus porteuses que notre propre vision dans certains contextes.
Le but de l’interculturalité n’est pas de souligner la différence. C’est de prendre conscience des différentes orientations pour construire des ponts entre elles et, ensemble, atteindre une meilleure interaction dans le respect et l’acceptation de l’autre.
Alors, soyez les bienvenus dans la belle aventure de l’interculturalité !
Photo : 123rf - iqoncept